Consigne de Sonia Feetchak : (1000 signes minimum)

Votre protagoniste principal va apercevoir un personnage dans un endroit incongru. Il le suit, et s'imagine son histoire.

 

Comme tous les soirs peu avant 18 heures, Augustin rangeait consciencieusement sa table  de travail  de style Napoléon III , classant  les papiers à relire avant signature dans le parapheur ,  passant au destructeur les documents à jeter,  posant de façon bien ordonnée ses stylos devant le cadre photo de sa si jolie famille,  puis fermait à clef son bureau  et quittait le hall de la banque en saluant guichetiers et  chargés de clientèle d’un air satisfait de lui.

Ce qu’il l’aimait cet édifice bancaire du tout début du XXème siècle, c’était un des premiers bâtiments à posséder une structure en béton armé, et ça le rassurait ! Et sa façade et son imposante tour porche ornées de décors à motifs de fleurs et de fruits représentaient à ses yeux  la communion parfaite de l’art et de l’argent.

 

Tout à ses pensées, il marchait d’un pas assuré vers sa voiture lorsqu’il aperçut sur la place Bel Air, un groupe de clochards qui discutait avec force gesticulation et vocabulaire fleuri et parmi eux, non ce n’était pas possible, il lui sembla deviner Edouard, son colocataire du temps où ils fréquentaient la faculté de droit. Oui c’était bien lui, malgré des vêtements crasseux  et un chapeau miteux, il retrouvait son visage émacié, son nez fortement busqué et surtout ses petits yeux noirs enfoncés dans leurs orbites, rehaussés de sourcils drus. Incroyable ! Augustin se demandait comment cet étudiant prometteur avait pu tomber dans une telle déchéance, quelles circonstances terribles avaient pu le pousser à vivre dans la rue, la mort accidentelle de ses parents ou bien un horrible crime crapuleux , ou plus communément, une faillite, un divorce, une maladie grave, il en était là de ses pensées vagabondes quand  Edouard et sa clique se mirent à bouger, remontant la rue en vociférant, leurs bouteilles d’alcool à la main.

Augustin, perplexe, se mit à les suivre de loin, discrètement, puis petit à petit il se rapprocha et n’y tenant plus, parce qu’il voulait savoir,   mu par une  compassion nouvelle,  il traversa et se précipita sur Edouard pour l’étreindre contre sa poitrine craignant à peine de salir son costume  de belle facture.

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A ce moment-là, un hurlement rageur se fit entendre « mais qui c’est ce connard qui entre dans mon champ ? Coupez, merde ! ».